Les chevaliers du subjonctif de Erik Orsenna


« M. Henri ne quittait plus guère sa maison. Ses doigts se promenaient pour lui. Leurs voyages permanents sur les cordes de la guitare valaient tous les chemins. »
(P26)


L'auteur

Erik Orsenna est le pseudonyme de Erik Arnoult, né en 1947 à Paris.

Après des études de philosophie, de sciences politiques et d'économie, il devient chercheur et enseignant puis conseiller auprès de plusieurs ministères... Il a reçu le prix Goncourt en 1988 pour L'Exposition coloniale. Il est élu membre de l'Académie française en 1998, le même jour que Georges Vedel. Il est un des créateurs de Cytale, entreprise ayant commercialisé la première liseuse électronique en France.

Son site

Résumé officiel

 « – Qui êtes-vous ? je veux dire : qui êtes-vous, les Subjonctifs ? Des malades ? Des dangereux ? Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi le dictateur Nécrole vous déteste tant, pourquoi il veut lancer l’assaut contre vous.
 – Je te l’ai expliqué : le subjonctif est l’univers du possible.
 – Et alors ?
 – Réfléchis un peu, Jeanne. Qu’est-ce que le possible ?
 – Quelque chose qu’on pourrait faire…
 – Mais qu’on n’a pas fait. Pas encore fait. Pas voulu faire. Réclamer le possible, tout le possible, c’est critiquer le réel, le monde tel qu’il est, la pauvreté, les injustices. Et donc critiquer les politiques qui veulent que rien ne change : ils se satisfont très bien du monde tel qu’il est.
 – Le subjonctif est un mode révolutionnaire, c’est ça ?
 – On peut le dire.
– Maintenant, je comprends mieux pourquoi on peut avoir peur de vous. C’est vrai que vous dérangez. Je voudrais adhérer.
 – Pardon ? 
 – Adhérer à votre club.
 – Il ne s’agit pas d’un club, Jeanne. Nous formons une chevalerie. »

L'histoire (résumé officiel du site de Erik Orsenna)

Les jeunes héros de La grammaire est une chanson douce ont grandi : Jeanne est une adolescente rêveuse qui s’intéresse aux mystères de l’amour, Thomas cherche la clef d’un nouveau monde. Mais l’archipel des Mots est toujours sous la dictature du président Nécrole et la police traque les opposants. Un jour, Thomas disparaît et Jeanne est arrêtée. Sauvée par le cartographe officiel de l’île, elle part avec lui dans un audacieux voyage en planeur à la recherche de son frère. Après avoir survolé les îles de l’Impératif et du Conditionnel, ils atterrissent sur l’île des Subjonctifs, les ennemis de Nécrole. Accueillie par un jeune homme roux passionné de liberté, Jeanne va découvrir chez ces joyeux contestataires le pouvoir de l’imagination. Dans l’usine où elle retrouve son frère, les ingénieurs découpent la mer, miroir de nos rêves. Elle comprendra que l’amour – qui va frapper la redoutable inspectrice, Mme Jargonos – est aussi une variété du subjonctif, le mode du rêve et du désir…

La page du livre sur le site de l'auteur

Mon avis

En parcourant les premières pages de ce livre, j'ai tiqué ! l'histoire, les personnages me semblaient connus... ce livre est la suite de La grammaire est une chanson douce, lu à sa sortie en 2001. J'étais donc en terrain conquis... et j'ai adoré retrouver les personnages récurrents, les lieux, et surtout la plume incroyablement poétique de l'auteur. J'avoue que c'est, pour une fois, la couverture qui m'avait fait choisir ce livre. Ce planeur ne pouvait que m'attirer... si j'avais lu la quatrième de couverture j'aurais été moins étonnée.

Plan de l'archipel des temps — Site Erik Orsenna
Ici, Jeanne explore les sentiments, et cherche à comprendre ce qu'est l'amour ! Vaste programme pour une si jeune femme... qui va l'entraîner bien loin, là-bas dans les archipels des temps.

Ce livre est un poème onirique, une ode aux mots, aux verbes et à leurs pouvoirs. C'est ludique. C'est instructif. C'est amusant et ceux qui suivent ce blog savent à quel point j'aime apprendre en souriant.

Ô, ne cherchez pas de leçons ! Ici tout est enroulé dans une belle prose, et les significations des mots savants sont démontrées apposées avec talent, au décours d'un voyage, d'une aventure. C'est un peu rocambolesque et parfois tiré par les cheveux (trois dans un planeur !), mais c'est drôle, doux et cela entraîne aux rêves. Et puis, au milieu de tout cela, de petites règles de grammaire se glissent. Un clin d'œil, un souvenir. Trois mots. Et hop, l'aventure continue, le planeur redécolle, l'école est finie...

Les personnages sont croqués et à croquer. Pas de longs discours, pas de longues descriptions, tout est court, tout roule, sautille, et ce livre, ce conte se lit si vite... Une longue présentation aurait saturé le lecteur, ici Erik Orsenna biffe en trois expressions des portraits rigolos, et les lecteurs inventent le reste. L'art des mots, c'est aussi de savoir se taire, de laisser l'imaginaire faire son travail.

Un livre, deux en fait, puisque je joins à cette chronique le premier « tome », que je vous conseille vivement, pour sourire ou pour apprendre ces petits riens de la grammaire.

Bilan en quelques mots

Les mots pour : drôle, poétique, instructif.

Au final 

Toujours aussi belle plume, amusante et structurée ! Un conte pour apprendre...

Lu dans le cadre du challenge ABC 2013

2 commentaires :

stephanie-plaisir de lire a dit…

en lisant ton billet je m'apperçois que La grammaire est une chanson douce est dans ma pal. Il va donc falloir que je l'en sorte parce ce billet me plait bien !

nanet a dit…

La grammaire est une chanson douce est un joli conte, en plus d'apporter quelques petites infos sympa sur la grammaire ^^ Cela se lit en quelques heures, comme celui-ci.

 

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